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![]() Emplacement de l'ancienne gare entre l'Av Malakoff et le Bd Front de Mer |
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Un humoriste a qualifié la gare de Bab-el-Oued du terme un peu méprisant de "gare désaffectée". C'est sans doute vrai si l'on épouse le point de vue de l'administration des chemins de fer. Mais la vie se moque délibérément de la dignité poussièreuse des administrations. Elle a affecté la gare de Bab-el-Oued à une ligne qui ne figure pas dans l'annuaire des chemins de fer. C'est pourtant l'une des plus vieilles lignes du monde... celle qui dessert les douces provinces de la carte du tendre... et la gare dite "désaffectée" de Bab-el-Oued, c'est le quai algérois de l'embarquement pour Cythère.
Elle était autrefois la première halte sur la route de Castiglione qu'un petit chemin de fer à voie de 60 cm atteignait après une journée de voyage.
Elle est aujourd'hui à la fois le point de départ et d'arrivée du voyage infiniment plus mystérieux de l'amour.
Elle est encastrée entre deux boulevards comme il sied à une île. Sur les Boulevards coule le torrent mécanique d'une circulation frénétique. Dans l'île miraculeusement protégée par une zone d'ombre que ne déchire nul réverbère intempestif, l'écho des confidences répond au murmure du ressac qui berce la fragilité des serments de l'amour dans l'inlassable d'une patience éternelle.
Il est puéril de continuer à appeler cette gare: la gare de Bab-el-Oued. Elle est devenue la "gare des soupirs".
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Voilà la gare de Bab-el-Oued... cette gare que l'on dit "désaffectée" et qui est en réalité la plus belle gare d'Alger... la gare de la jeunesse... de l'amour... et de la vie.
Jean BRUNE. "Alger-Bab-el-Oued". Collection France-Algérie. Edition Atlantis. Friedberg/Bayern. 1999.
La gare de Bab-el-Oued vers 1900
La gare de Bab-el-Oued au début du siècle