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Puis surgirent les émigrants faméliques, venus de Valence. Ils suivirent la crue. Ils trouvaient au-delà des portes de Bab-El-Oued à la fois un gîte et un moyen de vivre: la Carrière. La fameuse carrière d'où l'on commencait à extraire la pierre que l'on engloutissait dans les travaux de la ville et du port. Et c'est pourquoi le plus vieux quartier de Bab-El-Oued s'appelle aussi Cantéra: la Carrière. Alors apparurent, venus de tous les rivages et de toutes les îles de la Méditerranée, les pècheurs napolitains, les Mahonnais et les Maltais qui se firent pècheurs, maraîchers ou laitiers. Ils retrouvèrent à la Cantéra avec les échos de toutes les chansons de la mer latine, des hommes qui parlaient à peu près la même langue.
Jean BRUNE. "Alger - Bab-El-Oued". 1956. Collection "France-Algérie". Edition Atlantis.
Mais justement, Bab-El-Oued, c'est la pierre. Tout au bout, collée à la montagne comme une sangsue au flanc d'un cheval maigre, s'ouvre une carrière de calcaire bleu, pailleté, veiné de blanc, sonore sous la masse. Elle appartient à M. Roubière, procureur de la République à Constantine. Elle est flanquée d'un four à chaux d'où les ouvriers reviennent couverts de poussière au point qu'eux aussi on les appelle "four-à-chaux" en pataouète. Très vite, la carrière passe aux mains des frères Jaubert.
Gabriel CONESA. "Bab-El-Oued notre paradis perdu." Robert Laffont. 1970 et Editions Jacques Gandini. 1995