Max LAMOUCHE, "Un publiciste Sociologue algérois: MUSETTE" Préface de, "Les amours de Cagayous", MUSETTE, Baconnier, 1969
Auguste ROBINET dit MUSETTE, créateur de Cagayous.
Victor, Maurice, Auguste ROBINET naquit à Alger, le 26 avril 1862, dans l'immeuble portant le n° 9 de la rue de la Révolution, tombé depuis lors sous la pioche des démolisseurs.
Musette ! Nom familier aux Algérois de longue date, personnalité insuffisamment connue et appréciée.
Maniant avec un égal bonheur la pure langue française et l'idiome coloré du cynique et joyeux Cagayous, Musette fut un observateur sagace et piquant, un philosophe avisé, un ami sincère de ce menu peuple qu'il nous présenta en liberté, enfin un franc serviteur de la Cité.
Il avait, entre-temps, mûri son personnage de Cagayous, ce petit bout d'homme aux yeux chassieux et à la mine roublarde, animateur d'une poignée de lurons dont les faits et gestes furent consignés, en style approprié, dans une série de fascicules hebdomadaires depuis Les amours de Cagayous (1896) jusqu'au Cagayous poilu (1920). Nous y voyons, avec Cagayous le louette à qui on n'en peut aisément remontrer, Çuila qu'il a la calotte jaune, son lieutenant et un peu son rival; Calcidone, le Maltais pêcheur d'oursins, dont les pieds sont célèbres dans le quartier pour l'indécence de leurs dimensions; Zéro-franc le fout-la-faim toujours fauché; Embrouilloun, l' Apolitain un peu sacatrape, c'est-à-dire.. pas trop regardant sur les moyens d'existence; puis Chicanelle, sur de Cagayous dont le nom est tout un programme et son petit bâtard Scaragolette, cadeau du volage Chambignon; Mecieu Hoc,le facteur en rétraite qui tient bénévolement la plume pour ses voisins, que sa qualité d'ancien fonctionnaire désigne pour les négociations délicates, et qui soupire après la main de Chicanelle, tout prêt à couvrir de son généreux pavillon le produit de contrebande, l'épicière espagnole, et sa fille Térésina la savante, titulaire du certificat d'études primaires, qui épousera Cagayous... pas pour longtemps !
Ajoutons que si Cagayous et ses acolytes sont une pure invention, leur parler et leur comportement sont en revanche très réels et très vivants.
Quant au choix du pseudonyme définitif de Musette, nul n'en sait au juste les motifs. Peut-être le nom de cet instrument rustique symbolisait-il le caractère fruste des pantins qu'il animait pour ses lecteurs et pour son propre divertissement ? Peut-être évoquait-il le charme bucolique de la vie rêvée par son cur d'artiste?..
Musette, frappé d'hémiplégie, s'éteignit le 1er septembre 1930.
La Municipalité tint à l'honneur de se charger de la concession et vota, en outre, un crédit pour l'érection d'une stàle commémorative place de l'Alma, au confluent de l'avenue de la Bouzaréa, de l'avenue Durando et de l'avenue des Consulats. Ce projet n'ayant pu aboutir par suite de certaines résistances, le Conseil municipal se contenta d'une réalisation des plus discrètes: au centre de la vieillotte place Dutertre, à la Bassetta, repli de ce Bab-el-Oued où Cagayous avait plaisamment évolué durant tant d'années, on plaça une sorte de banc semi-circulaire en ciment, surélevé en son sommet d'une murette contre laquelle fut apposé un médaillon de bronze; la pierre ne portait, gravée sous ce médaillon, qu'une inscription laconique: Musette...Préface de Max LAMOUCHE; "Un publiciste Sociologue algérois: MUSETTE" in Musette. "Les amours de Cagayous", Baconnier, 1969.
Hommage à Musette père spirituel de « Cagayous »
Pour honorer M. Robinet, l’inoubliable « Musette », la municipalité décide d’ériger la stèle commandée par la précédente municipalité à M. Tony Bocard, architecte, stèle sur laquelle sera apposé un médaillon du sculpteur A. Pommier. Ce monument sera construit sur la place Dutertre, centre des quartiers où Musette a puisé ses inspirations.L’Echo d’Alger du 30 mai 1936, p 7.
le créateur de Cagayous. |
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